TRAVAIL ET VIE

DOIT ON CONCILIER TRAVAIL ET VIE ? (1/4)

 

Pourquoi poser une telle question quand on est un vieux boomer comme moi et que depuis 40 ans, on fait évoluer sa vie autour de son travail ?

Depuis peu dans une activité de conseil, j’ai pu apprécier le rapport au travail différemment et j’ai pris comme tout le monde, de plein fouet, une autre vision de la relation employeur employé.

La relation à l’emploi et à la recherche d’emploi s’est complètement détendue dans une société qui passe de la pénurie d’emploi à la pénurie de main d’œuvre. Mais si ce n’était que cela, les solutions pourraient être simples (hausse des salaires, avantages annexes, etc…). Les choses sont très différentes et nous amènent à réfléchir sur la place du travail dans la vie et sur le sens de celui-ci.

A quoi sert le travail aujourd’hui ? Quatre propositions

·        Le besoin

·        Le devoir

·        L’existence

·        L’utilité

PREMIERE PARTIE:

LE BESOIN DE TRAVAILLER

De tous temps, l’homme a eu besoin de travailler pour se nourrir et répondre à ses besoins primaires (s’habiller, se chauffer, se déplacer). C’est la nécessité qu'il y a de transformer la nature pour l'adapter à nos besoins. Le travail est une transformation de la nature en vue de satisfaire ses besoins vitaux. A ce titre il est une contrainte. C'est une peine, un labeur, une corvée.

C’est écrit dans l’inconscient humain depuis les temps les plus anciens., le livre de la Genèse disant « tu produiras ton pain à la sueur de ton front »

Cette notion de pénibilité primaire est encore bien présente dans l’inconscient populaire avec des expressions comme « ça va comme un lundi », « mercredi c’est la bascule ». Elle est réelle pour une bonne partie de la population qui n’exerce pas un métier choisi et qui se rend au travail uniquement pour essayer de satisfaire ses besoins primaires.

L’avènement de la société de consommation a fait naître des besoins secondaires et différenciant socialement qui ancrent le travail comme un moyen d’exister (belle voiture, belle maison, belles vacances). Pendant longtemps elle a justifié le travail et sa pénibilité.

La remise en cause de cette course à la consommation et la réflexion actuelle sur une consommation durable et responsable « scient un peu les pattes » de cette course au travail et à la consommation. Beaucoup de chercheurs vous diront d’ailleurs que travail et consommation sont deux leviers puissants d’asservissement du peuple. Sans souscrire à ces propos, il faut néanmoins réfléchir au pourquoi de leur prolifération, sachant qu’il « n’y a pas de fumée sans feu ».

Aujourd’hui certains rejettent fortement le besoin de travailler pour consommer. C’est ainsi que depuis les années 1970 on voit apparaître clairement une population de décroissants.

Le terme « décroissance », qui a plusieurs significations, a été sciemment utilisé par les décroissants avec pour objectif de choquer, de susciter un débat sur la croissance et sur un mode de développement qu’ils critiquent de façon vigoureuse.

Depuis les années 2000, de nombreux universitaires travaillent sur la notion de décroissance soutenable.

La décroissance repose sur le constat que nous évoluons dans un monde fini, aux ressources limitées, et sur l’idée que seule une réduction de la production et de la consommation globale pourra assurer l’avenir de l’humanité et la préservation de la planète, objectif que le système économique actuel n’arrive pas à atteindre.

L’idée de la décroissance est donc de proposer une alternative à cette recherche permanente de croissance : une économie stationnaire, où les ressources seraient mieux partagées, mises au service du progrès social et humain, une économie dédiée à l’épanouissement de chacun plutôt qu’à l’enrichissement d’un petit nombre, etc.

 

La notion de travail perd alors son caractère débridé, le travail n’existe plus en lui même, il est là pour répondre à d’autres besoins.

 

Pour ses défenseurs, la décroissance n’est complète que lorsqu’elle relève avant tout d’une démarche de « simplicité volontaire », de sobriété heureuse, et non pas d’une réalité subie. En d’autres termes, une société où la modération est privilégiée, et ou la production est adaptée non pas aux besoins des marchés, mais aux besoins des citoyens dans le respect de l’environnement et de la biodiversité.

 

Dés lors le travail intensif est regardé d’un mauvais œil, comme une course à la consommation et à l’enrichissement.

Ceci entraîne un effet secondaire et une transformation radicale de la relation au travail.

Les femmes et les hommes des années 70-80 travaillaient pour avoir plus et toujours plus, les standards de consommation évoluant au fur et à mesure de la croissance. La théorie des besoins de Maslow fait apparaître une course en avant vers de nouveaux besoins. Pour Maslow, un besoin satisfait n’est plus source de motivation.

Aujourd’hui les générations nouvelles ne réalisent plus complètement leurs besoins par le travail, et le travail n’est plus toujours au centre de la vie.

Mais alors à quoi sert le travail ?

Suite à notre prochaine chronique...

 

 

Jean-René LEGENDRE

Fondateur